Guerre de Trente Ans

Ce conflit politique et religieux déchira l’Allemagne de 1618 à 1648. Né de l’antagonisme qui opposait les princes protestants à l’autorité impériale catholique, il prit une ampleur européenne du fait de l’intervention des grandes puissances étrangères. Ce fut une guerre particulièrement cruelle et dévastatrice pour l’Allemagne.

Au début la France se tint à l’écart du conflit. Mais elle veilla à éviter la suprématie de l’Autriche en Allemagne, en dressant contre elles les suédois. Elle craignait plus encore l’Espagne dont le roi était un Habsbourg apparenté à la maison d’Autriche. Les espagnols occupaient en effet, outre leur propre pays, le Milanais, la Franche-Comté et les Flandres.

En 1634 les Impériaux, autrichiens et bavarois, remportèrent à Nôrdiingen une grande victoire sur les suédois. Devenue trop puissante, l’Autriche alliée à l’Espagne représentait désormais une menace pour la France et la força à intervenir en faveur des protestants.

Les hostilités opposèrent d’abord les français et les espagnols dans les Flandres. Au cours du siège d’Arras Richelieu confia d’importantes responsabilités logistiques à Nicolas Arnoul.

Il chercha également à couper le passage entre la Lombardie tenue par les espagnols et leurs possessions du nord en occupant la Valteline, vallée alpine d’une grande importance stratégique au nord de Milan.

Après une période difficile, les français reprirent l’initiative en s’installant d’abord de part et d’autre du Rhin entre Bâle et Mayence, puis en s’ouvrant plus à l’est une route vers la Bavière. Les combats avaient lieu l’été. Ils consistaient souvent dans la prise de places fortes où l’on installait des garnisons. A l’automne les troupes se retiraient pour prendre leurs quartiers d’hiver. Les fortifications comprenaient déjà à cette époque des saillants et des redans battus par des pièces d’artillerie, avec des glacis exposés à la mitraille. Bien que postérieurs et plus perfectionnés les remparts de Briançon donnent une idée du type de fortification de l’époque. Afin de ne pas trop s’exposer l’assaillant devait creuser des tranchées en zigzag pour s’approcher des remparts et y placer des mines.

Siège de Philippsbourg

Le siège de Philippsbourg auquel prit part Esprit de Raffélis se situe au début de la campagne d’Allemagne (1643-1648), après fa bataille de Fribourg en Brisgau. Cette forteresse fut l’un des points stratégiques les plus disputés dans la vallée du Rhin au XVIIème siècle. Construite sur la rive droite en face de Spire, elle contrôlait l’accès aux cols de la Forêt-Noire. Il était facile de construire un pont de bateaux et d’éviter ainsi d’emprunter le pont de Kehl, soumis au contrôle et au bon vouloir du magistrat de Strasbourg.

En août 1644, la place n’était gardée que par quatre-vingt cavaliers et sept cents fantassins, tandis que l’ennemi était dispersé dans ses quartiers pour se « raccommoder ». Condé et Turenne progressèrent rapidement à travers la plaine de Bade. Philippsbourg fut investie le 24 août. La cavalerie du Roi était en bon état, et l’armée française disposait de cinq mille hommes de pied, tant fantassins que cavaliers démontés pour la circonstance, car tout siège nécessitait de nombreux fantassins, la cavalerie ne servant qu’à couvrir les assiégeants.

On débarqua canons et munitions et, le 29, l’armée de Monsieur le Prince et celle de Turenne ouvrirent chacune une tranchée. Le troisième jour, les assiégés firent une sortie et infligèrent des pertes à l’infanterie de Condé. Turenne remarqua par la suite :

« Il est très vrai que l’infanterie était tellement rebutée de tous ces combats donnés à Fribourg qu’assurément on n’aurait pas à prendre une place qui aurait fait une grande résistance… Les ennemis ne firent point de résistance à leur contre escarpe, qui n’était pas palissadée, ni en état de se bien défendre. Mais comme ils avaient une petite fausse braie (fossé plein d’eau assez large et profond) et beaucoup de canons pour empêcher l’armée de faire des galeries, ils crurent qu’ils tiendraient longtemps à empêcher qu’on ne le passât, mais comme on avait quantité de fascines et que le canon avait été logé de deux côtés de la contre-escarpe pour tirer aux flancs, on avança la galerie, c’est à dire la digue de fascines.. .jusqu’assez près de leur fausse braie; ce que l’ennemi voyant et que l’on serait attaché le lendemain au corps de la place, qui n’était pas revêtu, ils battirent la chamade. » (Mémoires, p. 30.)

En d’autres termes, le gouverneur avait réuni un conseil de guerre et annonçait qu’il était disposé à négocier avec l’assiégeant : Gaspard Baumburg von Ravensberg capitula le 9 septembre avec les honneurs de la guerre.

Prise de Mayence

La prise de Mayence intervint le 16 septembre 1644, après la victoire de Philippsbourg et l’occupation de places fortes situées en bordure du Rhin (Spire, Worms…). La position de Mayence sur le Rhin au confluent de la vallée du Main lui conférait un grand intérêt stratégique. Turenne marcha jour et nuit sans bagages et arriva le matin assez proche de la place où il savait qu’il n’y avait point de garnison de l’empereur, ni de Bavière, mais seulement quelques gens que le Chapitre entretenait.

L’archevêque-électeur, allié de l’empereur, avait quitté la ville dès le commencement du siège de Philippsbourg et s’était réfugié dans ses domaines de la rive droite. Turenne n’eut pas trop de mal à empêcher un millier de dragons bavarois de franchir le fleuve pour venir au secours de la place. Sans chef, elle n’en était pas moins redoutable. Le manque de résolution du Chapitre et les conditions favorables qu’on lui proposa déterminèrent la ville à capituler et à tomber entre les mains des français, une semaine seulement après Philippsbourg.

Solidement installés sur le Rhin et sur sa rive gauche, le gros des troupes françaises alla prendre à mi-décembre ses quartiers d’hiver mais il fut difficile de faire subsister l’armée dans cette région. Le long du Rhin, le pays était si ruiné qu’en vingt lieues de pays on ne pouvait pas trouver à nourrir un cheval, hors des grandes villes qui étaient fort misérables par les quartiers d’hiver des lorrains, et de quelques petits châteaux où il demeurait quelques hommes de qualité que l’on ne voulait pas entièrement achever de ruiner.

Bataille de Nördlingen

La bataille de Nördlingen le 3 juillet 1645 fut gagnée par Turenne et Condé sur les bavarois grâce à une grosse supériorité numérique. Nörlingen est située dans le Jura Souabe, dans une région appelée le Riess. Cette victoire a ouvert la route de la Bavière à l’armée française.

Bataille de Zusmarshausen

La bataille de Zusmarshausen (ou Sommerhausen ou Sommerhoven) s’est déroulée le 17 mai 1648. Elle a opposé d’une part les Français commandés par Turenne et leurs alliés Suédois et de l’autre les Bavarois alliés aux Impériaux.

Ceux-ci campaient d’un côté du Danube à deux heures de Lauingen, place forte tenue par les Français, et Turenne de l’autre côté. Laissant le gros de son armée il partit en reconnaissance avec 3.000 cavaliers, passa le pont du Danube, traversa les marais et envoya quelques éclaireurs qui revinrent au bout de deux heures pour annoncer que l’armée ennemie était campée à une lieue et demie, sans être gardée, avec toute la cavalerie dispersée, car les chevaux étaient à la pâture. Ordre fut donné alors au gros des troupes franco-suédoises de rejoindre de nuit afin d’attaquer toutes forces réunies le lendemain matin.

Au début de la bataille les ennemis furent bousculés et perdirent huit pièces de canon et une partie de leur infanterie et de leurs bagages. Turenne ordonna alors la poursuite et se heurta à la résistance opiniâtre de trois bataillons d’infanterie qui se retranchèrent derrière un petit ruisseau, appuyés par sept escadrons de cavalerie. Cette dernière phase du combat fut particulièrement sanglante. On tira avec quinze ou vingt pièces contre cette infanterie et cette cavalerie, précise Turenne dans ses mémoires, dont il y eut plus de la moitié tués sur place, sans qu’ils quittassent jamais le passage. Le régiment d’infanterie voulut gagner le passage, mais il y perdit 750 hommes et fut obligé de se retirer sans l’emporter… Enfin les Austro-Bavarois profitèrent de l’obscurité pour se retirer. Cette sanglante victoire ouvrit aux alliés les portes de la Bavière. Peu après était signée la paix de Westphalie qui mettait fin à la guerre de Trente Ans.

Liens avec la famille

Esprit de Raffélis participa aux derniers combats de la guerre de Trente Ans dès l’âge de 18 ou 19 ans.

Just Louis II de Tournon1 est tué le 24 août 1644 au siège de Philippsbourg. Il était le dernier descendant de la branche ainée des Tournon. Les Raphélis-Soissan descendent d’une branche cadette, les Tournon-Simiane.

Notes et références

  • Histoire et généalogie de la famille de Raphélis-Soissan et des familles alliées, Charles de Raphélis-Soissan, inédit.
  1.  Notes historiques sur Tournon et ses seigneurs, de Albin Mazon, + La fin des seigneurs de Tournon, de Juliette Thiébaud – Juin 1993 – Pages 330, 337 à 341 ;
    Gazette 1644, pages 793 et 794 ;
    Mémoires du Maréchal de Turenne – Librairie Renouard – Tome 1 page 28

Esprit de Raffélis (1625-1686)

Biographie d’Esprit de Raffélis

Esprit de Raffélis (1625-1686) – Collection Louis de Raphélis-Soissan

Esprit de Raffélis nait en 1625 à Carpentras (84). Il était le quatrième enfant de François (Il) de Raffélis et Jeanne de Matthei. Il était seigneur de Rus.

Il participe à la Guerre de Trente Ans dès l’âge de 18 à 19 ans et sert sous les ordres de Turenne aux sièges de Philippsbourg et de Mayence en 1644, à la bataille de Nôrdiinguen en 1645 et au combat de Somerhoven où il est blessé en 1648. Lors de la Fronde, il participe au combat du faubourg Saint-Antoine en 1652, du côté des troupes royales et toujours sous les ordres de Turenne.

Il est ensuite nommé Lieutenant Général de l’Artillerie au département de Bresse par brevet du 8 Mai 1669, puis Capitaine de Vaisseau au département de Toulon.

Il épouse Françoise de Soissan le 10 mars 1649 à Carpentras. De cette union naissent deux fils: Joseph Horace en 1650 et Pierre Dominique en 1652 qui ajoutera au nom de Raffélis celui de Soissan.

Le contrat de mariage est établi le 10 mars 1649, après la célébration de la cérémonie religieuse. Il constate que le mariage a été consumé par charnelle copulation. Une convention valant promesse de mariage l’avait précédé le 25 novembre 1647, comme cela était d’usage à l’époque.

Au moment de la signature du contrat, François de Raffélis, père d’Esprit, et Jacques de Saussan, père de Françoise étaient décédés. Jeanne de Soyans, mère de Françoise, habitait à Baumes (Beaumes de Venise à présent).

La dot apportée par Jeanne de Soyans comprend :

  • Une somme de cinq cents écus de trois livres.
  • La moitié de ses biens dont les revenus et les charges devaient être partagés entre elle et sa fille Françoise (si le texte, peu lisible, a bien été interprété).

Mais Jeanne de Soyans se réserve expressément tous les meubles et l’usage de la maison de Baumes sa vie durant. Elle demande à Esprit de subvenir aux besoins de Mlle de Pascal, sa tante, si elle venait à mourir.

Jeanne de Matthéi, mère d’Esprit, confirme la donation faite à son fils préalablement au mariage :

  • des biens meubles et immeubles,
  • de la somme de mille huit cent cinq livres,

qui proviennent de François de Raffélis, père d’Esprit.

Esprit de Raffélïs donne à Françoise de Soissan deux mille livres de bijoux, et réciproquement cette dernière donne à son mari mille livres.

Impressionné par la grande ingéniosité de sa femme, Esprit de Raffélis semble lui laisser la plus grande liberté pour nouer les intrigues qui la rendirent célèbre.

Son écriture est ronde et appliquée et celle son épouse anguleuse et pratiquement illisible. Ses fonctions dans l’armée ont dû le retenir loin de chez lui souvent.

Il est deuxième consul de Carpentras en 1654 et en 1681.

Il meurt le 8 juillet 1686 à Carpentras.

Généalogie d’Esprit de Raffélis

  • Parents : François (II) Joseph de Raffélis (1591-1639) et Jeanne de Matthéi (1596-?)
  • Naissance : 1625 à Carpentras
  • Mariage : 10 mars 1649 avec Françoise de Soissan (1631-1699)
  • Enfants : Horace Joseph de Raffélis Saint Sauveur et Pierre Dominique de Raffélis-Soissan
  • Décès : 8 juillet 1686 à Carpentras

Notes et références

  • Histoire et généalogie de la famille de Raphélis-Soissan et des familles alliées, Charles de Raphélis-Soissan, inédit.

Le général Antoine Pascalis – Louise Colet, août 1849

Général Pascalis de la Sestrière (1755-1833) en 1804
Collection Madeleine Valéry

« Le général Antoine Pascalis était garde du corps quand la Révolution éclata.

Après le 10 août, il ne songea pas à émigrer… Car ce fut au sein de nos armées qu’il chercha un refuge contre la terreur.

Il devint chef de bataillon dans l’armée des Alpes, sous le commandement de Kellermann.

Bientôt après, nous le trouvons adjudant général dans l’armée d’Italie. Là, il se fit remarquer par son éloquence militaire et son aptitude administrative. Nommé sous-chef d’état-major, ce se fut lui qui rédigea la plupart de ces proclamations qui enflammaient nos soldats et que la France admirait dans les bulletins de nos victoires1

Il se distingua dans les deux campagnes d’Italie, durant lesquels plusieurs places importantes lui furent confiées il est ensuite divers commandant dans le midi de la France, où sa double carrière militaire et littéraire a laissé des souvenirs encore vivants.

Le général Pascalis était poète et, lorsque l’heure du repos sonné pour lui, après la chute de l’Empire, il écrivit les poèmes de Fontainebleau et du Mont Viso, deux œuvres remarquables dont quelques fragments ont été publiés. Il traduisit ensuite, en vert, les plus beaux passages de la Pharsale de Luncain et le poème des Tombeaux d’Hugo-Foscolo. Il acheva également, à cette époque, sa tragédie de Dion de Syracuse, qui fut lue et remarquée par Talma. Le grand tragédien aurait représenté, sur la scène du Théâtre Français, le héros de Syracuse, sans le danger politique que parut avoir cette pièce, sous la Restauration. Talma était frappé des verts suivants, qui l’aimait à répéter :

Je vois dans ce jeune homme un destin dont je tremble ;
La république et lui ne peuvent vivre ensemble.

Hardy, sensible et fier, pourra-t-il dédaigner
Cette faveur du peuple et l’orgueil de régner ?

Après cet ascendant qu’il nous a révélé,
Il faut qu’il soit le maître, ou qu’ils soient exilés.

Ne trouve-t-on pas dans les vers du poète guerrier ce fameux jeune homme (Bonaparte) qui fut le maître au lieu d’être exilé !

En France, le général Pascal et s’était lié avec Delille, Marie-Josèphe Chénier et Bernardin de Saint-Pierre ; ses relations durèrent jusqu’au jour où elles furent dénouées par la mort…

Il me semble voir encore, à Aix, où il s’était retiré, ce grand et beau vieillard au visage mâle et ombragé de ces blancs cheveux, debout dans son cabinet de travail, entouré de livres rares, de quelques tableaux de maîtres, récitant à sa famille quelques-uns de ses grands vers à la manière de Corneille. »

Louise Colet, août 1849, citée dans Allos depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, Abbé Pellissier (Jean-Esprit)

  1. L’auteur auquel j’emprunte ces notes biographiques ajoute : « Nous avons sous les yeux de ces morceaux d’éloquence militaire écrits de la main du général Pascalis, auxquels la main de Napoléon n’a changé, ça et là, que quelques mots. »

1801 – Réquisition du Saint Antoine de Padoue affrété par Jean Abeille

Jean Joseph André Abeille
Jean Joseph André Abeille
Collection Christine Grosse Ladevie

Le 2 mars 1801, Jean Abeille affrète le brigantin Saint Antoine de Padoue pour aller à Carthagène charger des soudes et ouvrages de sparteries et revenir à Marseille.

A Carthagène, le consul de France réquisitionne le navire pour transporter des canons en Égypte où, après le départ de Bonaparte et l’assassinat de Kléber, le général Menou est en difficulté. Le Saint Antoine de Padoue deviendra la proie d’un corsaire anglais.

Madame Lion1, correspondante de Jean Abeille à Carthagène, doit affréter le seul navire disponible, l’espagnol Le Vigilant (coût : 5,851 francs) et y transborder ses marchandises (coût : 857 francs 18 ct). Le Vigilant prend son temps pour aller à Marseille et arrive en juin 1801 – prairial an IX.

Inlassablement, Jean Abeille demandera à être indemnisé de ces pertes. Il demandera de plus à être indemnisé des variations de prix car il a payé un fret de guerre de 12 fr. par quintal de soude lorsque le prix de paix est de 10 à 15 sous, et alors qu’il aurait du vendre les soudes 50 fr. il n’a pu les vendre que 20 fr. en raison de la chute des prix que le retard de livraison lui a fait subir, chute des prix dues aux négociations de paix avec l’Angleterre et au traité d’Amiens  (coût : 26,400 francs)2.

Ce n’est qu’en 18183 que le gouvernement acceptera d’indemniser les deux premières demandes (6,708 francs 18 ct) mais en déduisant un impôt de 3% pour les invalides, en convertissant le capital en rente à un taux désavantageux et ne payant pas la rente pour les années 1801 à 1818.

Sources et références

Sources

Références

  1. Madame Lion était une tante de Jean Abeille, fille de Louise Abeille et Charles Lion. Cf. page 46 du Livre de raison d’Henri Abeille – Tome 1
  2. En Égypte, le général Menou capitule le 31 août 1801 et le traité d’Amiens est signé le 28 mars 1802 : En juin 1801 il n’y a aucun signe de paix entre la France et l’Angleterre.
  3. Lors du siège de Toulon en 1793, Jean Abeille (et Laurent Caire) avait soutenu les royalistes et les troupes anglaises contre l’assaut des armées républicaines conduites par Bonaparte. Pour cette demande d’indemnités, cela n’a pas joué en sa faveur pendant la République et l’Empire mais à la Restauration, il saura le rappeler !

27 août 1794 : Saisie des biens de Jean Abeille

Jean Joseph André Abeille
Collection Christine Grosse Ladevie

ÉGALITÉ, LIBERTÉ.
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
Les représentants du peuple, députés de la Convention nationale dans les départements méridionaux,
Aux membres composant le Directoire du département des Bouches-du-Rhône.

Les nommées Abeille1, américain, J. Labat et J. Césan, qui se trouvent maintenant à bord de l’escadre anglaise, en qualité de députés des sections de Marseille, se sont chargés de l’infâme mission, auprès de l’amiral Hood, de livrer la ville de Marseille aux anglais. La Convention nationale va faire justice de ces monstres ; mais en attendant, il est des mesures urgentes qu’il importe de prendre. En conséquence nous vous ordonnons de faire arrêter sur le champ les familles desdits Abeille, J. Labat et J. Césan, d’apposer les scellés à leurs maisons et magasins ; en un mot de mettre provisoirement toutes leurs propriétés sous la main de la nation.

Fait à Marseille, le 27 août, l’an second de la république française.

Signé Salicetti, Escudier, Gasparin, Albitte. Le secrétaire de la commission, Signé Bouchet.

Sources et références

Sources

Références

  1. Les deux frères Abeille possédaient à Saint Domingue, en maisons, en terre, et en douze cent milliers de denrées coloniales, telles que sucre et café disponibles, une fortune au moins de trois millions de francs, lorsque la colonie a été foudroyée par le décret fameux de la Convention

Jean Bruno et le déménagement furtif du château de Toudon

Jean Bruno et Catherine Audoly

Jean Bruno nait vers 1561. Son père est Honoré Bruno. Il épouse Catherine Audoly, de Massouins et ils ont au moins quatre enfants dont notre aïeul Pierre Bruni.

Jean Bruno travaille d’abord pour Madame de Beuil, chargé du blé et du vin, puis pour son fils, Annibal Grimaldi, comte de Beuil. Jusqu’en 1614, Jean Bruno est majordome et dépensier pour le pain et le vin au château de Toudon.

Déménagement du château de Toudon

Plan du château de Toudon où Jean Bruno était majordome
Château de Toudon – Source : Nice historique, page 186 du n°4 de 1994 – Cliché Chomon Perino

En 1614, le duc de Savoie, excédé par l’insoumission de son vassal Annibal Grimaldi, comte de Beuil, exigea qu’il lui livre les châteaux-forts de Toudon et d’Ascros.

Avant de livrer son château de Toudon, le comte de Beuil en fit secrètement déménager les meubles et effets.

En 1621, poussé à bout par les intrigues du comte de Beuil, le duc de Savoie le fait condamner à mort. Toudon échoit au marquis de Dogliani qui trouve le château de Toudon dégarni et ouvre une enquête pour retrouver ses meubles.

Le 30 avril 1421, les enquêteurs se rendent chez le principal suspect, Jean Bruno. De l’interrogatoire de 20 personnes, il ressort qu’en 1614, Jean-Antoine Audoly, beau-frère de Jean Bruno et homme de confiance du comte de Beuil, est venu payer des habitants et des soldats du château pour déménager les meubles et les dissimuler chez eux avant qu’ils ne soient transférés à Villars.

Notes et références

Notes

En 1621, la langue utilisée à Toudon était l’italien. Le nom propre Bruno s’écrivait Bruno au singulier masculin, Bruni au pluriel ou Bruna au singulier féminin.

De l’interrogatoire de 1621, on peut tenter de compléter la généalogie établie par le docteur A. Barety en 19081 et complétée par le comte de Gérin Ricard en 19182 :

  • Jean Bruno est fils de Honoré
  • Jean-Antoine Audoly est le frère de Catherine Audoly, femme de Jean Bruno
  • Jean-Louis, noble de Revest, déclare que Jean Bruno est son beau-père : Jean Bruno a du avoir au moins une fille
  • Jacques Bruno dit être frère de Jean Bruno…

Références

Évariste Chancel candidat député aux élections du 20 février 1876

Voir Archives du chalet - Une famille briançonnaise - Les Chancel (1837-1907) - Françoise Guillemot, pages 125 à 128.

Maurice de Raphélis-Soissan (1849-1936)

Enfance

Maurice de Raphélis-Soissan (1849-1936), zouave pontifical

Maurice nait le 21 décembre 1848 au domicile de ses parents, rue de l’Évêché à Cavaillon. Il est le septième enfant de Charles de Raphélis-Soissan et Louise de Seytres-Caumont.

A la suite de ses frères Edgar et Casimir, Maurice comme zouave pontifical du 9 novembre 1867 au 9 novembre 18681.

Le 22 octobre 1870, il épouse sa cousine germaine Léontine Reinaud de Fontvert. Nota : Léontine est :

  • la sœur de Louise Reinaud de Fontvert qui avait été fiancée à Casimir de Raphélis-Soissan,
  • la cousine de Claire Reinaud de Fontvert qui épousera Louis de Raphélis-Soissan.

Maurice et Léontine ont de nombreux enfants mais ils ne peuvent doter leurs filles qui resteront célibataires, à l’exception d’une qui n’eut pas d’enfant.

Studio de photographie

Maurice se lance dans la photographie et achète le studio Waléry, 14 boulevard du Musée à Marseille, au comte Stanislas Julien Ostrorog. Pour cela il cède sa propriété du Château Vert à Cavaillon2.

Il semble qu’il ne pas gère d’assez près son affaire. On lui reproche par ailleurs son train de vie excessif.

Son épouse écrit : « Ce cher petit Maurice qui, soit dit entre nous, est le plus grand paresseux qui ait paru sous le soleil depuis que Dieu a tiré l’homme du néant… »

Et sa belle-mère et tante, Antoinette, s’inquiète : « Maurice est ici depuis hier. Il est arrivé avec la voiture neuve et deux chevaux. Folie à mon avis… de ses avances pour la photographie et l’enfant, et la nourrice et la femme de chambre qui va arriver, surcroît de dépenses, c’est leur affaire… » (lettre du 8 janvier 1872).

L’oncle Valère Martin vient pour un enterrement à Aix. Il comptait en repartir immédiatement et il explique : « Malgré mes remontrances, j’ai été jeté, pieds et poings liés, dans la voiture de Maurice et conduit par deux beaux chevaux à Marseille… avec le projet d’en revenir le soir. Ah! bien oui ! J’ai eu beau crier miséricorde, il m’a fallu poser, bon gré, mal gré, sans préparation ; aussi ma coquetterie boudant aurai-je l’air d’un vieux grognard et d’un vieux grognon. » (lettre du 6 février 1872).

Au cours de l’été 1872, Louis apprend que Maurice est plongé jusqu’au cou dans les affaires de photographie.

Maurice de Raphélis-Soissan voit son affaire péricliter. Non seulement il s’endette à titre personnel, mais il engage aussi les biens en indivision entre lui-même, son frère Louis et sa cousine Louise de Fontvert, épouse d’Alexis de Boudard. En fin 1875 Maurice est dans une situation des plus critiques. Il doit 15.000 franc au comte Stanislas Julien Ostrorog. Pour le rembourser il demande à Louis de lui avancer les fonds. Mais Louis ne les a pas et doit s’endetter personnellement pour aider son frère.

Son fils Casimir nait le 12 octobre 1878 à Arcachon où il est domicilié 253 boulevard de la Plage et se déclare rentier.

Sa fille Geneviève nait le 5 novembre 1879 à Arcachon où il est domicilié 6 boulevard de l’Océan et se déclare propriétaire.

Notes et références

Notes

Références

Jeunesse d’Henri Caire

Enfance d’Henri Caire au boulevard Périer

Adolphe et Berthe Caire habitaient un bel hôtel particulier au 14 bd Périer à Marseille, avec tennis et billard (qu’Henri a emporté à Freycinet). Mais après le décès de Berthe en 1895, il ne faisait pas vraiment bon y vivre. A la suite d’une hépatite aiguë, Adolphe Caire avait du quitter la marine après trois ans de service et passait le plus clair de son temps dans un fauteuil. Quand il entendait rire Marguerite, Henri et Amélie (future madame Émile Saint Rémy Pélissier) ses enfants, il s’écriait : « Votre mère et décédée, ne l’oubliez pas ! »

Famille Caire dans le jardin du boulevard Périer
Collection Bernard Caire

Henri Caire et Raymond Giraud pratiquent l’aviron

Après son bac, Henri Caire suivit des cours de droit et se lia d’amitié avec Raymond Giraud avec qui il partageait un cabanon sur la corniche, au vallon des Auffes, et pratiquait l’aviron.

Claire Giraud amoureuse d’Henri Caire

Claire Giraud, sœur de Raymond, en pinçait pour Henri Caire. Mais celui-ci ne l’appréciait pas beaucoup et elle épousa Pierre Massot (frère de Marie Massot, grand-mère de Charles de Raphélis-Soissan). Pierre Massot était connu de tout Marseille pour son charme, ses conquêtes galantes, sa fortune et sa présidence de la société hippique de Marseille. Henri Caire disait d’eux : « Ce coquin de Pierre et cette peste de Claire ! »

Claire avait la rancune tenace : Quand Charles de Raphélis-Soissan et Mireille Caire se sont mariés, ils ont invités Pierre et Claire Massot. Pierre est venu mais Claire s’est abstenue. Après le décès de Pierre, il y eut, parait-il, un souvenir pour chacun de ses neveux sauf pour Charles de Raphélis-Soissan !

Les Massot avaient un mas de plusieurs centaines d’hectares à Entressens en Camargue. Comme Pierre et Claire Massot n’ont pas eu d’enfant, à leur décès chacun de leurs neveux hérita d’une part d’indivision. En guise de revenus, Charles et Mireille de Raphélis-Soissan ont reçu une année une dinde et une autre année un carnet de timbres !

Notes et Références

Récit de Mireille Caire

Henri Caire achète sa première voiture et reçoit sa première contravention

Achat d’une De Dion-Bouton

En 1906, Henri Caire a 21 ans. Son père Adolphe est d’accord pour acheter une voiture. Henri sait déjà conduire et adore mettre son nez dans les moteurs et cela facilitera les voyages au Vernègues.

Le permis de conduire ne pose pas de problème : il est délivré par l’Automobile Club marseillais et Henri en connait les membres.

C’est Henri qui choisit la voiture et Adolphe, sans réfléchir davantage, achète la de Dion-Bouton à son nom.

Voilà Henri tout faraud qui se met à circuler en ville avec ses amis. Las, les règlement sont les règlements et la voiture à l’époque est considérée comme dangereuse en ville et la vitesse est limitée.

Première contravention

La semaine n’est pas terminée qu’Henri reçoit sa première contravention et parution au tribunal. Mais la voiture étant au nom d’Adolphe, c’est lui qui se voit condamné à un jour de prison !

Adolphe se précipite donc au tribunal : « Monsieur le juge, je suis juge au tribunal de commerce. Comment voulez-vous que j’aille en prison ? » Le juge est très compréhensif et Adolphe met immédiatement la voiture au nom de son fils Henri.

Henri Caire n’a jamais dit s’il avait eu d’autres contraventions !

Notes et références

Souvenirs de Mireille Caire