Lettre à Emile Gérard, des Salins des Peschiers le 20 juin 1856

Salins des Peschiers le 20 juin 1856

Monsieur

Émile Gérard (1802-1857)

Nous avons reçu hier 19 Ct six cens francs pour solder le compte des charretiers ayant transporté le sel de l’Almanarre. Parmi eux , nous avons pris note de ceux qui ont déjà touché de l’argent, tel que le nommé Ardouin auquel nous avons soldé tout compte intégralement et le nommé Blanc Victor auquel vous avez donné vous-même cent francs.

Comme Arnaud Richard a acheté les […] nous ne lui donnerons rien puisqu’il est en compte courant avec vous.

Le Capne Mancartetty dont vous nous parliez est arrivé pour prendre 70 mille que nous lui donnerons demain samedi… Il manque ce matin 100tne au Cne Thim. Nous allons faire notre possible pour les embarquer aujourd’hui.

Ce Mancartetty n’est pas le même que celui qui est parti l’autre jour. C’est son cousin. C’est celui que nous avons chargé en février pour l’Ile-Rousse… son navire est la Belle-Balagne.

Nous vous envoyons le compte des charretiers avec une annotation sur la livraison de ces sels. Thim à reçu environ 40tne de sels destinés à Roberts et que le Cne ne pût prendre. L’emploi que nous indiquons est à très peu de chose près exact… la seule différence consiste en ce que Roberts pourrait en voir reçu un peu moins et par conséquent Thim un peu plus. Mais cette différence ne dépasse pas 10 mille…

La tare de 50.000 kil que nous indiquons pour les sacs est approximative aussi vu que nous avons des sacs tellement rapiécés qu’ils pèsent trois et quatre kilo. surtout par les temps humides qui ont régné depuis longtemps.

Quelle fatalité : voilà la pluie qui commence ; il est huit heures du matin ; le soleil si beau à cinq heures et maintenant avoir de l’eau. Nous n’en finirons jamais.Dieu me pardonne !! Nous ferons prendre demain matin chez Cadière l’argent destiné aux besoins de la huitaine.

Lorsque nous aurons 150000 k sel de Capital, nous arrêterons les transports selon vos ordres.

Nous avons reçu hier 24 g.x (petitfroids) fourrage dit Luzerne de M… au prix de 3,50 le petit quintal. Total de 84 au lieu de 95 comme il l’indiquait sur son bill.

Nous avons indiqué sur l’état que nous vous remettons le nombre de jour que chaque charretier a travaillé, afin que vous puissiez voir quel profit ils peuvent avoir fait. Nous nous permettons de vous faire observer qu’il y en a qui ont de bons attelages tel que le nommé Montet. Arnaud Richard a eu quelques fois trois charrettes mais alors il avait de mauvais attelages. Ainsi la journée des charrettes n’a pas dépassé le prix que l’on paye ordinairement.

Nous vous accusons réception de 20 connaissemens timbrés.

Dans la journée de hier, les huit charrettes ont apporté 49.000 k… montant à 56.25 ce qui n’est pas extrêmement gagné pour des gens à forfait (sauf  meilleur avis).

Nous avons donc besoin de les laisser continuer encore quelques jours pour ne pas être pris au dépourvu par les Corses dont vous nous avez annoncé l’arrivée prochaine.

Recevez, Monsieur, l’assurance de notre sincère dévouement.

Pre Hugony

Notes et références

Lettre de M. Hugony à Emile Gérard datée du 20 juin 1856 transmise par Mme M. S.

Emile Gérard fonde les salins des Pesquiers à Hyères

Création des salins des Pesquiers à Hyères

Salins des Pesquiers

En 1847, Émile Gérard achète aux enchères pour 250 000 francs l’étang des Pesquiers sous le nom de « Domaine des pêcheries d’Hyères ayant boudigues, étang, terres, bâtiments, marécages, pacages, pins, jardins »1.

Le 9 mars 1848, Émile Gérard et M. Chapon, négociant à Marseille, fondent la « Société des salins et pêcheries d’Hyères ». Aussitôt, la partie nord de l’étang est transformée en salins et produit dès 1949 une première récolte de 545 tonnes de sel.

Le 15 mars 1851, le capital de la société est réorganisé uniquement entre les membres de la famille Gérard (Gérard, Marcotte, Vincent, Brest, Fabry…).

Développement de la société

Les salins des Pesquiers se développent rapidement, malgré quelques revers comme les intempéries de l’hiver 1853 où la mer envahit les salins et fait fondre la majeure partie des stocks de sel.

La société achète :

  • le 8 mars 1920, l’Ile des Embiers sur laquelle se trouvait un petit salin ; l’île sera revendue en 1958 à Paul Ricard.
  • en 1927, le domaine de Saint Hilaire, 1 600 hectares près de Saint Maximin, que la société remet en état,
  • en 1941, le domaine de la Gordonne.

La « Société des salins et pêcheries d’Hyères » devient l’un des principaux agriculteurs du Var.

Dirigeants successifs

Émile Gérard
  • 1848-1957 : Émile Gérard (1802-1857),
  • 1857-1907 : Charles Gérard (1829-1907)
  • 1907-1907 : Louis Gérard (1844-1907)
  • 1907-1919 : Pierre Gérard (1882-1964)
  • 1919-1928 : Émile Gérard (1887-1936)
  • 1928-1964 : Pierre Gérard (1882-1964)
  • 1964-1967 : Louis Gérard

Déclin

En 1967, la compagnie des salins du midi acquiert la totalité du capital de la société des salins des Pesquiers.

Après plusieurs années de déclin, les salins des Pesquiers sont fermés en 1995.

Notes et références

Bibliographie

Société des salins et pêcheries d’Hyères – Gérard & Cie – 1848-1948

Frédérick Lantelme, Trois familles provençales – Vincent – Gérard – Benet, 1988

A la découverte des salins d’Hyères, Toulon Provence Méditerranée

Références

  1. Chantal Aubry, Les salins d’Hyères, Actes Sud