Histoire de la Villa Maria à Léoube (suite) – La balustrade -1883

Villa Maria

Terrasse de la Villa Maria à Léoube (avant 1921) peint par Jacques Dor

Dans ses lignes extérieures, aussi bien d’ailleurs que dans son aménagement intérieur, la « Villa Maria » est restée à très peu près identique au « Poste des Douanes ». C’est assez dire qu’elle constitue une habitation des plus modestes à tous égards. Mais, ce qui en fait sans contredit l’une des villas les plus charmantes qui soient, c’est son site merveilleux qui égale les sites les plus admirés de cette Côte d’Azur pourtant si riche en décors féeriques.

La terrasse de la Villa était primitivement rectangulaire, assez étroite et munie d’un simple garde-fou mi partie de fer et de bois rustique. En 1883, elle a été élargie en demi-cercle et bordée d’une gracieuse balustrade en pierre. Les deux superbes chênes verts qui l’encadrent si joliment et la couvrent de leur ombre ont été plantés à l’époque de la construction.

Notes et références

Le vieux Léoube – Henri Vincent – 1914 (inédit)

Mariage de Louis Laurent Caire et Cécile Pascalis le 27 février 1832

Présentation de Louis Laurent Caire et Cécile Pascalis

Fin 1831, Louis Laurent Caire, négociant à Guernesey, vient passer l’hiver en Provence pour raison de santé.

Fin janvier 1832, Jean Abeille, ancien négociant à Marseille, organise la présentation entre Louis Laurent Caire, fils de son ami Laurent Caire, ancien négociant à Toulon, et Cécile Pascalis, fille de son autre ami le général Antoine Pascalis.

Louis Laurent Caire et Cécile Pascalis se plaisent et décident le soir même de se marier (Louis Laurent a 43 ans et Cécile 23 ans, sa sœur cadette est déjà mariée).

Le mariage est prévu pour mi-février.

Certificat de décès de Laurent Caire

Pour se marier, Louis Laurent Caire doit obtenir les certificats de décès de ses parents.

Son père, Laurent Caire est décédé en 1800 en émigration à Livourne.

Par chance il a une sœur Victoire Caire établie à Livourne. Le 2 février 1832 il lui écrit pour lui annoncer son prochain mariage et lui demander de s’occuper du certificat de décès. Elle reçoit cette lettre le 8 février et s’occupe immédiatement du certificat de décès.

Toutefois, en cas de retard de ce certificat de décès, il envisage d’établir un certificat de non connaissance du lieu de sa mort, ce que finalement il devra faire ! (Cf. Lettre au général Antoine Pascalis du 3 février 1832)

Certificat de décès de Victoire de Lespine

La mère de Louis Laurent Caire, Victoire de Lespine, a trouvé à son retour d‘émigration que le nom de Lespine était difficile à porter et s’est faite appeler du Planty. En effet, son père s’appelait de Lespine du Planty mais à sa naissance, elle n’a reçu que le nom de Lespine.

A son retour d‘émigration, Victoire ne s’est pas établie à Toulon d’où était originaire son mari et où ils s’étaient connus et avaient vécu, mais à Gémenos où elle ne connaissait personne (elle achètera à crédit une maison dont elle occupera une partie avec sa fille Eugénie et elle louera le reste à Elias Massad, un ancien mamelouk de la garde impériale !). Son décès (d’un cancer) est donc déclaré sous le nom de Duplanty. Seule sa fille Eugénie aurait pu corriger son nom mais Eugénie était autiste et n’a rien dit.

Louis Laurent Caire fera appel à ses amis Emmanuel et Auguste Abeille1 pour témoigner que Victoire Duplanty et Victoire de Lespine sont bien deux noms pour une même personne.

Mariage de Louis Laurent Caire et Cécile Pascalis le 27 février 1832

Le mariage sera célébré le 27 février 1832. Voici le récit qu’en fait Louis Laurent Caire à sa sœur Honorine :

« Ma chère Honorine.

Notre mariage est à la fin terminé et précisément comme nous l’avions projeté nous eûmes le plaisir de recevoir les dames Abeille le dimanche. Elles vinrent à temps pour le dîner de 6 à 9 heures que Mme Pascalis leur avait préparé et dans la soirée l’on fit une loterie de jolis petits objets qui peuvent rappeler la circonstance et qui égaya beaucoup la société.

Le lundi la signature du contrat amena bien des pleurs et les vers que je te joins ne purent être chantés parce qu’ils attendrissaient trop les personnes qui voulaient l’entreprendre. Tu verras qu’à la requête des dames Abeille, M. Pascalis ne t’a pas oubliée au second couplet et tout le couplet a été fait à ton intention. Dis-moi comment on les trouve à Toulon ?

Après le dîner de noces qui était fort bon et qui se passa très gaiement, nous fûmes à la Commune y passer le contrat civil et puis un bal bien animé employa à notre soirée : Je retrouvais des forces pour danser et il y avait nombre d’années que je n’en avais fait autant. Une très jolie collation et un thé, punch etc termina la séance. Nous partîmes enfin pour l’église à 2 heures du matin et après une cérémonie bien touchante et solennelle nous vînmes enfin nous coucher à 4 heures du matin. Si je me félicitais de mon mariage avant, il est inutile de te dire que je m’en félicite encore plus après et que je ne doute plus de l’harmonie et de la douce union qui va m’unir à Cécile[…] »

Notes et références

Sources

Lettre du général Pascalis à Georges Gariel – 27 février 1832

« La providence vient de me sourire en me présentant un parti très convenable pour ma fille ainée [Marie Cécile Pascalis2], et son mariage aura lieu dans une quinzaine de jours. Un bon ami que j’ai à Marseille a tout préparé sans en rien dire et quand la chose a été convenue entre lui et mon gendre futur, ils sont venus à Aix me demander en même temps à diner et ma fille ; les deux plus intéressés à cette affaire ne se connaissant pas, ont paru satisfaits et tout a été réglé dans la même soirée. Mr Caire est de Toulon ; son père [Laurent Caire3] était l’intime ami de M. Abeille chez qui j’ai logé 12 ans à Marseille4 ; mes enfants sont nés dans sa maison ou y sont arrivés à un et deux ans, et se sont élevés avec les siens : de sorte que toute la famille s’est mise en quatre pour faire réussir ce mariage. L’Epoux futur est né à Livourne pendant l’émigration, il est le cadet de sa famille et reste le seul garçon. A peine a-t-il connu son père. Une sœur qui a vingt ans de plus que lui, et qui fut mariée à Livourne l’a élevé et lui a tenu lieu de mère. Il a perdu la plus grande partie de sa fortune en France, mais il a réparé ce malheur par une assez jolie fortune qu’il a fait, soit à Livourne, soit à Trieste, soit enfin en Angleterre d’où il ne fait que revenir, après un séjour de douze ans. Il a quarante ans, il est d’une bonne tournure et a de l’éducation. »

Acte de mariage de Louis Laurent Caire et Cécile Pascalis

L’an mil huit cens trente deux et le vingt-sept février à sept heures du soir, par devant nous adjoint remplissant par délégation de Monsieur le Maire d’officier public de l’Etat civil de cette ville d’Aix ; a comparu à l’hôtel de ville Monsieur Louis Laurent Caire, négociant et propriétaire, né à Toulon département du Var le dix neuf juin mil sept cens quatre vingt huit, y domicilié, fils majeur de feu Monsieur Laurent Caire et de feue Victoire Alexandrine de Lépine, décédée en la commune de Gémenos, Bouche du Rhône, le vingt huit janvier mil huit cens onze, le dit futur époux nous déclare d’affirmer par serment que bien que dans l’acte de décès de sa mère on l’ait désignée par le seul nom du Duplanty, cependant celle-ci est la même personne que Madame Victoire Alexandrine de Lépine désignée dans l’acte de naissance du futur époux, qu’elle avait ajouté depuis à ce nom celui de Duplanty, pourque son autre nom de Lépine était en opposition avec l’esprit du tems, il nous déclare et affirme de plus par serment que le lieu du décès et celui du dernier domicile de ses autres ascendants lui sont inconnus.

A aussi comparu Mademoiselle Marie Cécile Pascalis, sans profession, née à Sénigallia royame d’Italie le dix neuf novembre mil huit cens huit, fille majeure de Monsieur Antoine André Pascalis, officier général en retraite, chevalier de St Louis et officier de la Légion d’Honneur, et de Madame Gabrielle Maurin ici présents et consentants, domiciliés en cette ville d’Aix y demeurant depuis de longues années avec ses frères et mère rue du Boeuf n°22, lesquels futurs époux nous ont requis de procéder à la célébration du mariage […] et dont les publications ont été faites devant la principale porte des hôtels de ville savoir, de celui de Toulon, la première le cinq du présent mois de février, et la seconde le douze du même mois, et de celui d’Aix, la première le dit jour douze février courant et la seconde le dix neuf même mois, jours de dimanche, toutes à l’heure de midi ; aucune opposition audit mariage ne nous ayant été signifiée, faisant droit à leur réquisition, après avoir donné lecture de toutes les pièces ci-dessus mentionnées et du chapitre six, titre cinq du code civil intitulé du mariage, nous avons demandé au futur époux et à la future épouse s’ils voulaient se prendre pour mari et pour femme, chacun d’eux ayant répondu séparément et affirmativement, nous déclarons au nom de la loi que Monsieur Louis Laurent Caire et Mademoiselle Marie Cécile Pascalis, sont unis par le mariage, de quoi nous avons dressé acte en présence de Messieurs Jean François Pascalis, négociant, âgé de soixante quatre ans, cousin de l’épouse, François Marie Justin Verger, conseiller à la cour royale, âgé de cinquante un ans, non parents des époux, domiciliés à Aix, y demeurants, Paul Emmanuel Abeille, propriétaire, âgé de trente cinq ans, et François Auguste Abeille, aussi propriétaire, âgé de trente deux ans. Ces deux derniers domiciliés à Marseille, y demeurants, non parents des époux, les dits témoins nous déclarent et affirment par serment que bien que dans l’acte de décès de la mère du futur on l’ait désignée par le seul nom de Duplanty, cependant celle-ci est la même personne que Madame Victoire Alexandrine de Lépine désignée dans l’acte de naissance du futur époux qu’elle avait ajouté depuis à ce nom celui de Duplanty parceque son autre nom de Lépine était en opposition avec l’esprit du tems, ils nous déclarent et affirment de plus sous serment que quoi qu’ils connaissaient l’époux, ils ignoraient le lieu du décès et celui du dernier domicile de ses autres ascendants, les déclarations ci-dessus ont été faites en exécution de l’avis du Conseil d’Etat du 4 Thermidor an treize, inséré au bulletin des lois et après qu’il leur a été donné lecture du présent acte ont signé avec nous, ainsi que les époux et les père et mère de l’épouse.

Notes

  1. Louis Laurent Caire a connu Emmanuel et Auguste Abeille enfants en émigration à Livourne.

Invention de l’allumette

Jean-Joseph-Louis Chancel

En 1805, Jean Joseph Louis Chancel, étudiant en pharmacie, invente l’allumette oxygénée1. Le procédé est peu pratique : pour s’enflammer, l’allumette devait être trempée dans une fiole d’acide sulfurique. De plus, l’humidité rendait rapidement les allumettes et l’acide inopérants.

En 1816, Louis Charles Derosne utilise la propriété du phosphore blanc qui s’enflamme au contact des substances sur lesquelles on le frotte. C’est l’allumette phosphorique.

En 1827, John Walker invente une allumette à tige de bois à friction sur papier de verre. Il produit et vend lui-même ses allumettes jusqu’en 1829.

En 1831, Charles Sauria invente l’allumette pyrogène qui s’enflamme sur toute surface rugueuse.

A partir de 1835, l’industrie de l’allumette se développe rapidement. En 1847, Joseph Toussaint Caussemille fonde à Marseille une fabrique d’allumettes et fera fortune.

Anecdote familiale

En 1885, Claire Caussemille, fille unique de Joseph Toussaint Caussemille épouse Jules Perraud. Et en 1899, Jeanne Chancel, arrière petite fille de Jean Joseph Louis Chancel épouse Henri Perraud, demi-frère de Jules Perraud. Leur père Eugène Perraud avait épousé successivement les deux sœurs jumelles Marie et Louise Caire.

Notes et références

Allumettes au XIXème siècles, les Caussemille et Cie, Anne-Marie de Raignac, Les Éditions de Bonnefonds, 2004

  1. Jean Joseph Louis Chancel, l’inventeur – Jacques Ameil – Mars 1990

Quelques souvenirs sur Unang et les de Soissans – Abbé Rodolphe Charrasse, fils du docteur Jean-Baptiste Charrasse

Le château d’Unang

Château d’Unang
Extrait du livre de Marie-Thérèse Jouveau sur Joseph d’Arbaud

Caractéristiques. Site. Description générale.

Château d’agrément, constitué par de grands bâtiments, sans style proprement dit : une résidence provinciale, où vécut une noble famille.

Située dans un site pittoresque, à un kilomètre et demi de Malemort, sur la route de Méthamis (à droite à quelques centaines de mètres) au bord d’un vallon ombragé. Quelques terres de culture, mais […] des bouquets de gros chênes, quelques cyprès, et autour du château, de grands platanes très décoratifs.

Le château est une vaste bâtisse. A l’arrivée, par le chemin tortueux et vallonné, on débouche sur une sorte d’esplanade, avec au centre, comme sobre motif d’ornement, un palmier entouré d’une corbeille de lierre.

On a en face de soi la façade latérale du château, qui sert d’entrée. Un porche, perçant de part en part cette aile latérale, et laissant voir en perspective la terrasse, ou plutôt, l’allée qui brode le bâtiment central, avec, au fond, les escaliers de la petite chapelle gothique où reposent maintenant les corps du marquis de Raphélis Soissans, mort aux zouaves pontificaux, ceux de la marquise que nous avons connue et de sa fille Edgarde, ainsi que les corps du père Simiani, du père Magne.

Le porche finit par une grille en fer forgé, et un vestibule en arceau, de plein pied avec le sol, pavé, donnant entrée à droite aux escaliers de ces dames. La fenêtre au-dessus est celle de « la bibliothèque », appartement de petites dimensions où se tenaient généralement ces dames, dont on apercevait ordinairement à l’arrivée la silhouette dans l’encadrement des rideaux…

Cette façade latérale constituait l’une des deux ailes du bâtiment. Elle se prolongeait à droite par une tourelle entourée de lierre, puis par des appartements de service, avec à l’angle une seconde tourelle dont la porte donnait sur l’esplanade, et où furent aménagés plus tard des appartements pour M. l’aumônier (l’abbé Sautel, l’abbé Camicar). En bordure de l’esplanade, sur la droite, des écuries et autres dépendances où logeaient les fermiers.

Le bâtiment principal était constitué par une série d’appartements en enfilade, donnant une perspective curieuse : dans l’un de ses appartements, au rez-de-chaussée, se trouvait la salle à manger où l’on pouvait admirer un magnifique buffet Renaissance, orné de cariatides, à la sculpture remarquable et finement fouillée, attribué d’ailleurs par certains à Jean Goujon, et dont on avait vainement offert à Mme de Soissans un million…

Au premier étage, autre appartements en enfilades, salons ? et chambres…

L’antichambre de ce premier étage, que l’on traversait au sorti des escaliers, et d’où, par quelques autres marches, on accédait dans la « bibliothèque », servit de salle à manger après la mort de Mlle Edgarde…

C’est en ce premier étage qu’avait été aménagée une chapelle intérieure d’hiver, très intime, où les corps de Mlle Edgarde, du père Magne et de Mme reposaient après leur mort, et où furent des messes […] présent.

La façade principale donnant sur la place : une longue bâtisse, percée régulièrement de portes et de fenêtres. Au devant, une allée bordée de beaux platanes, et de rampes de buis, avec autres motifs de buis taillés avec point. Puis le parc, en plantations à palisses, progressifs, en étages, ombragées de grands arbres, où le père de Simiani s’exerça parfois au travail manuel… De grands bassins plus ou moins délabrés et délaissés.

A l’extrémité de l’allée, en limitant agréablement la perspective, la gracieuse chapelle gothique, au-dessus d’un perron de quelques marches, chapelle où j’ai célébré une de mes premières messes en juillet 1915.

Quelques souvenirs sur Unang et les de Soissans – Abbé Rodolphe Charrasse, fils du docteur Jean-Baptiste Charrasse

Ces dames

Edgarde et Louise de Raphélis-Soissan – Une famille en Provence chronique photographique 1894-1914, page 218

La marquise de Raffélis-Soissan, dont le mari1 mourut très jeune, quelques temps avant la naissance de sa fille, zouave pontifical : ce qui permettait à ces dames d’avoir accès aux audiences privées au Vatican, surtout au temps de Pie X, lors de leurs voyages fréquents à Rome, où elles connaissaient le cardinal Merry Del Val.

L’une de ses expressions favorites : « C’est merveilleux ! »

Ses deux amours : le Pape et le Roy.

Un grand éloge dans sa bouche : « Il est très Action française !… »

Elle est morte à Unang, quelques années après sa fille Edgarde ; d’ailleurs, depuis la mort d’Edgarde, elle avait promis à sa mémoire de ne plus sortir du domaine d’Unang : elle tint parole.

Melle Edgarde – Marie Josèphe Louise Edgarde de Raffélis-Soissan – née le 25 mars 1866, fête de l’Annonciation, retournée à Dieu le 11 février 1916, fête de l’apparition de Notre Dame à Lourdes, donc âgée de 50 ans. Physionomie discrète, effacée, visage ravagé, sans aucun charme naturel. Mais âme très intérieure, liliale.

Elles ne s’étaient jamais quittées, sa mère et elle. Très unies, ne quittant guère Unang que pour Rome. Vie très retirée dans le site solitaire et recueilli d’Unang. De temps à autre, elles excursionnent dans les gorges de Méthamis et de Murs, accompagnées parfois d’un de leurs hôtes, suivies généralement de leur servante Eugénie ou de Ninon, la vieille nourrice d’Edgarde, portant les provisions de bouche.

Elles ont le piolet, ou plutôt l’alpenstock, à la main. et le chapeau de paille enveloppé d’un large voile telles les grandes dames d’autrefois lorsqu’elles partaient en voyage. D’ailleurs, elles ignorent les excentricités et les variations de modes actuelles, toujours vêtues à la mode d’autrefois, de longues jupes à traine, des corsages aux cols montants, et aux poimanches descendant jusqu’aux poignets, Mme la marquise à peu près toujours en couleur noire, sa fille Edgarde très souvent en blanc (ou en bleu), les couleurs préférées de la Vierge…

On respire, à Unang, une atmosphère d’autrefois, on se croit revenu d’un ou deux siècles en arrière.

Ces dames ne sont pas de leur temps, elles vivent dans un monde quelque peu irréel mais cette sorte de régression dans le passé, en leur compagnie, ne manque pas de charme et leur conversation est intéressante (Dieu et le Roi, des biographies de mystiques, des anecdotes… Elles reçoivent force revues. Elles entretiennent une vaste correspondance, elles sont en relation au moins épistolaire avec des personnalités très variées ;  elles offrent même parfois l’hospitalité d’Unang à certaines d’entre elles : Joseph d’Arbaud2, Delest A.F.

Quelques personnalités rencontrées chez elles

Surtout des religieux appartenant ordinairement à des ordres divers.

Le père Magne, S. J. qui mourut à Unang et y est enseveli.

Le père de Simiani, cistercien appartenant à une grande famille d’Italie, diabétique.

Le père Paulin, long, maigre, chauve, physionomie originale. Il assura l’intérim de Malemort à la mort du bon et vieil abbé Girard.

Dom Léonce, cistercien de Lérins et de Sénanque, avec lequel nous dinâmes3, en famille à Unang, lorsque, revenant de Sénanque, il regagnait Lérins, abbé nommé mais non encore intronisé de l’abbaye de Lérins.

Vers 1914, l’aventurier qui se fit passer pour un dominicain polonais et n’était qu’un espion, garçon coiffeur ? arrêté quelque temps plus tard à Nice… Il avait été reçu par le chanoine Peyron, le père d’Alauyer, l’archiprêtre, etc et vint à Unang où il célébra la messe, communia… et confessa sans doute ces dames !

Nos visites périodiques à Unang

Mon père étant leur docteur, nous leur rendions visite au moins chaque année, au printemps généralement. Et plusieurs fois nous y dinâmes en famille.

On s’entassait sur la petite voiture, attelée de Faust ou de Bijou, deux ou trois sur la banquette avant, deux ou trois sur la banquette arrière.

Il fallait pour s’y rendre, une heure un quart environ. Lorsque nous débouchions sur l’esplanade, nous apercevions généralement ces dames derrière les vitres de leur bibliothèque. Eugénie, leur cuisinière si dévouée nous accueillait sous le porche et nous introduisait. Parfois la vieille Ninon dont le mari était le jardinier d’Unang.

Elles nous prêtaient assez souvent quelques-unes de leurs revues, notamment le Panache Blanc ou la Revue d’A. F. qui, à ce moment-là, n’était pas condamnée.

Royalistes, elles étaient pour le comte de Chambord et n’aimaient pas d’Orléans.

Pour fêter mon sous-diaconat

Elles nous invitèrent à diner chez elles. Malgré la présence du père […], je fus mis à la place d’honneur, une guirlande de fleurs ornait mon assiette. On me fit tous les honneurs, pour honorer en moi l’élu du Seigneur…

Un diner en compagnie de l’abbé Sautel, curé de Venasque

On servit un gigot faisandé qui, dès son entrée, éveilla mon odorat, notre odorat ! et me fit tout d’abord penser qu’on aller nous servir du chevreuil.

Chacun de nous s’attendait à ce que Mme de Soissan prenne l’initiative de reconnaître que vraiment ce gigot était un peu trop avancé, mais en vain ; chacun dut se résigner à y faire honneur, autant que faire se pourrait. Papa réussit cependant à en faire disparaitre une portion dans la poche de sa veste. Il n’y eut que le bon abbé Sautel[Victor Poucel a écrit une biographie : L’abbé L. Sautel, curé de Venasque (1857-1926)] qui, myope, le nez dans son assiette, mais tout à ce qu’il racontait, mangea sa portion intégralement et somme toute de fort bon appétit, sans se douter de rien.

Le plus curieux de l’affaire est que le gigot pourri ne fit de mal à personne !

Un diner dans l’antichambre, quelques temps après la mort d’Edgarde, en compagnie, je crois, de dom Léonce, abbé nommé de Lérins

Il fut caractérisé par ce fait, assez impressionnant d’ailleurs, que la porte de la chambre d’Edgarde, conservée dans l’état où elle se trouvait au jour de la mort, resta entrouverte, et que le couvert d’Edgarde et sa chaise demeurèrent à leur place habituelle, comme si Edgarde allait revenir. Il en était de même chaque jour, d’après la volonté de Mme, pour attester la présence invisible de sa fille si regrettée…

L’une de mes premières messes fut dite par moi à Unang., quelques jours à peine après mon ordination. Le vin qui me fut présenté était rouge.

Souvenir rétrospectif d’Unang à Mazan

Pour la béatification de Jeanne d’Arc, j’allais moi-même chercher ces dames à Unang, avec Faust. Melle Edgarde monta à mes côtés mais Mme de Soissan, qui ne craignait pas l’auto, conservait pour la voiture une appréhension irrésistible depuis qu’elle avait été témoin d’un accident survenu avec ce moyen de locomotion.

Mme de Soissan ne voulut pas monter et suivit la voiture qui bien entendu dut faire au pas la route d’Unang à Mazan, à pied, le bâton à la main, l’autre main tenant la voiture. On conversa aimablement tout le long du chemin.

Elles dinèrent à la maison.

Elles nous avaient prêté pour la circonstance une grande toile représentant Jeanne d’Arc à cheval, que Melle Edgarde avait peinte elle-même, et que, avec Gaston, nous fixâmes, non peine ni danger, au sommet de la maison, au-dessus de la porte d’entrée, dont la corniche était ornée de vases de géranium. De chaque côté, des drapeaux, des oriflammes, et aux fenêtres, des transparents, accessoires pour l’illumination du soir.

C’est le jour où l’abbé Archelet nous donna, à l’église de Mazan, un panégyrique si long, que j’écoutais de la tribune, et qui fut suivi d’une procession très solennelle à travers les rues du pays.

Le soir une dernière cérémonie nous réunissait à l’église dont la façade était brillamment illuminée.

Notes et références

  1. Edgar de Raffélis-Soissan
  2. Joseph d’Arbaud était le petit fils d’Eugénie de Raphélis-Soissan
  3. Déjeuner dans le langage de l’époque, le repas du soir étant le souper

Maleribes en 1885 – Familles de Raphélis-Soissan et de Lubac

En haut, fenêtre de droite : Gabrielle de Lubac, Comtesse de Rapélis-Soissan.
En haut fenêtre de gauche : Pulchérie de Lubac, sœur de la précédente.
En bas sur la chaise à gauche : Louis Charles Comte de Raphélis-Soissan.
Sur le banc, de droite à gauche, 1) Louise de Lubac née d’Agnel de Bourbon, mère de la Comtesse de Raphélis-Soissan ; 2) Maurice Charles de Raphélis-Soissan, fils du Cte de Raphélis-Soissan ; 3) Louis de Raphélis-Soissan, fils du Cte et de la Ctesse de R.S. ; 4) Gabrielle de Raphélis-Soissan sœur du précédent ; 5) Pauline de Lubac sœur de la Ctesse de Raphélis-Soissan.
Cliché de Alexandre Coadon, ami de la famille.
Reproduit, agrandi et colorié en mars 1940 par les soins de Louis, Marquis de Raphélis-Soissan, ci-dessus n° 3).
Collection Charles de Raphélis-Soissan

Descendance du pape Clément IV

Mes cousins Caire descendent du pape Clément IV. Ceci en tout bien tout honneur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cl%C3%A9ment_IV

Filiation entre Clément IV et mes cousins Caire :

  • Foulques Guy (Clément IV)
  • Foulques Cécile
  • Ruffi Guidon
  • Ruffi Andrée
  • de Conques Pierre
  • de Conques Jacques
  • de Conques Jacquette
  • de Saint Félix Isabeau
  • Lauret Jeanne
  • du Bousquet Pierre
  • du Bousquet Jeanne
  • d’Adhémar de Gransac Pierre
  • d’Adhémar de Lantagnac Antoine
  • d’Adhémar de Lantagnac Luis Antoine
  • d’Adhémar de Lantagnac Alexandre
  • d’Adhémar de Lantagnac Charles
  • d’Adhémar de Lantagnac Blanche
  • Despré Marie Joséphine Blanche Juliette
  • Bouillet Antoinette Marie Thérèse
  • Challe Marie et Challe Geneviève
  • Caire Bruno, Gérard, Yves, Alain, Brigitte, Hubert, Francis, Cécile, Didier, Agnès, Marie-Hélène et Gilles