Victor Pellissier, d’après l’Histoire d’Allos depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours

Victor-Adolphe Pellissier, général de division auxiliaire et député de Saône-et-Loire, appartient à une famille originaire du hameau d’Allos appelé Montgros.

Il naquit en 1811, à Mâcon, où Jean-Jacques, son père, avait fixé sa résidence et s’était fait une position honorable dans le commerce.

Jean-Jacques Pellissier avait deux frères. Le cadet le suivit à Mâcon.

L’aîné du juge de paix à Allos et se fit remarquer par la prudence et la sagesse de ses jugements dont on parle encore aujourd’hui.

Jean-Jacques eut cinq enfants, dont l’un, le futur général, reçut au baptême le nom de Victor-Adolphe et voulut être soldat, tandis que son frère Antoine se destinait à l’état ecclésiastique, devenait prêtre de Saint-Sulpice et aumônier d’une maison religieuse à Angers, après avoir passé de longues années au Canada.

Victor-Adolphe fit ses études au collège des jésuites de Dôle (Jura), entra à l’école polytechnique en 1832, en sorti sous-lieutenant d’artillerie et fut envoyé à Metz.

En 1845, il était capitaine, il fut chargé d’examiner les fortifications des Alpes. C’est pendant le cours de cette inspection militaire qu’il visita, pour la première fois, le pays natal de son père.

Il était chef d’escadron en retraite, lorsque la guerre éclata, en 1870, entre la France et la Prusse.

Le patriotisme dont il était animé ne lui permettant pas de laisser son épée au fourreau, au moment où la France était exposée aux plus grands dangers, il reprit du service, malgré ses 59 ans, fut nommé colonel général de brigade en 1870, général de division, en face de l’ennemi, en 1871.

Le 8 février 1871, les concitoyens du général Pellissier, persuadés qu’il saurait les défendre au Conseil général de la Chambre des députés comme sur les champs de bataille, le nommèrent membre du conseil général et député à l’Assemblée nationale. Ils ne furent point déçus dans leurs espérances ; le général savait, tour à tour, porter la parole et l’épée, et l’on ne peut lire sans émotion, notamment, le discours qu’il prononça à la tribune, le 19 juillet 1873, sur l’organisation du service religieux dans l’armée de terre :

« Messieurs, dit-il, le projet de loi présentement soumise à vos délibérations a pour but de remplir une lacune qui existait, depuis plusieurs années, dans notre organisation militaire et de donner satisfaction aux justes réclamations d’un grand nombre de citoyens français…, qui demandent une institution pour faciliter à leurs enfants les moyens de conserver à l’armée les principes qu’ils ont reçus dans leur famille…

La partie importante du culte religieux ne consiste-t-elle pas dans les instructions et les exhortations qui doivent entretenir et raviver dans l’âme légère qui ont été déposée par une éducation religieuse ?

Sans doute, le militaire pourrait entendre les instructions faites dans les églises paroissiales où il a accès. Mais les instructions sont-elles bien à son usage.

Que pourrait-il s’approprier dans ses enseignements adressés à une population si différente de lui par ses devoirs, ses mœurs et sa manière de vivre ?

Et, d’autre part, éloignés de leurs confidents naturels, nos pauvres soldats n’ont-ils jamais besoin de ces épanchements intimes, de ses consolations particulières qui, dans les moments pénibles, aident à supporter l’existence ? Le malheur, hélas ! n’épargne personne ; à plus forte raison, doit-il atteindre ces malheureux jeunes gens, enlevés si brusquement à leurs habitudes et à leurs familles, qui, dans les premiers moments, ne pouvant en comprendre la portée, ne voient dans la discipline militaire que l’inflexible niveau de l’esclavage ?…

C’est pour remédier à ces inconvénients que les pétitionnaires vous demandent la création de paroisses militaires et l’organisation du service religieux dans tous les lieux de rassemblement des troupes.

Messieurs, le principe de la liberté de conscience une fois admise et la liberté individuelle assurée, qu’elle inconvénients trouverez-vous donc à ce que chacun connaisse ses idées (par la profession de sa foi et la fidélité à la religion) ?

Pour assurer aux sceptiques l’incognito, faudra-t-il que le croyant mettre sa conscience dans sa poche, et devrait-il renoncer aux avantages que lui procure le service religieux ? »

Le général Victor Pellissier aimait donc les soldats comme un père aime ses enfants, et voulait leur assurer les conseils et les encouragements d’aumôniers militaires, dans les épreuves qui les attendent, surtout à l’arrivée au régiment.

En 1872 visita de nouveau les Alpes et séjourna à Allos, où il voulut voir tous ses parents.

Quoiqu’il ne fît plus partie de l’armée active, il s’occupait toujours, depuis l’amputation de l’Alsace et de la Lorraine, de l’organisation de la défense de nos frontières de l’Est. Il était encouragé et aidé, dans cette patriotique entreprise, par deux de ses anciens camarades de l’école polytechnique : les généraux Charenton, du génie, et de Cissey, ministre de la guerre.

En 1875, lorsque la France craignait une nouvelle agression prussienne, le ministre de la guerre fit appel à son dévouement pour organiser le 8e régiment territorial à Bourges. Il accepta sans hésiter, ne voyant dans ce qu’on lui proposait, que le bien de son pays, et lui consacra ses soins jusqu’en 1878, où il renonça définitivement au service militaire.

Le général Pellissier a écrit l’Histoire des mobilisés de Saône-et-Loire (1870-71), cet ouvrage lui a ouvert les portes de l’académie de Mâcon.

Ses rapports avec Garibaldi, qui alors commandait, hélas ! les mobiles des Basses-Alpes, ne furent pas toujours faciles, surtout depuis le jour où il fit rendre à l’évêque d’Autun les chevaux qu’on lui avait pris : c’était la lutte entre la justice et la spoliation.

Son corps repose dans le modeste cimetière du village de Chaintré, où il est mort en 1884.

Il laisse un fils adoptif, M. Saint-Rémy Pellissier, établi à Marseille depuis 1871.